La vitesse d’une machine à papier varie en fonction du type de papier fabriqué. À la CIP, dans les années 1950, on y fabriquait du papier journal et la machine produisait 600 mètres de papier en une minute.
Les machines actuelles sont ultra performantes et peuvent produire jusqu’à près de 2000 mètres de papier à la minute!
Pour avoir une idée des dimensions d’une véritable machine à papier, prenons par exemple la machine numéro 4 de la Kruger-Wayagamack, une industrie de Trois-Rivières, secteur Cap-de-la-Madeleine. Elle a une hauteur de trois étages, une largeur de 9 mètres et la longueur d’un terrain de football.
À cette phase du processus, la pâte est répartie sur une table de fabrication formée par une toile qui est tendue entre deux rouleaux. Au contact de la toile, la pâte subit un premier essorage. Une partie de l’eau s’égoutte à travers les perforations de la toile alors que les fibres sont retenues en surface. De plus, la pression exercée par le rouleau contribue à lier les fibres de bois. Ainsi asséchée, la pâte s’amincit peu à peu et se transforme graduellement en feuille.
La feuille passe à travers une série de rouleaux, qui la pressent et la compriment pour continuer à en retirer l’eau. Comme elle est encore fragile à cette étape, la feuille est déposée sur un feutre de laine qui la soutient tout en évacuant l’excédent de liquide. L’étoffe sert aussi à polir et à lisser la surface du papier pour lui donner une apparence uniforme.
Les feutres de la machine à papier devaient être remplacés périodiquement pour assurer le bon fonctionnement de la machine. Mais ils connaissaient souvent une deuxième vie puisque, autrefois, l’étoffe épaisse était récupérée par des ouvriers pour en faire des couvertures ou des vêtements chauds.
Vient ensuite la sécherie : deux rangées de cylindres chauffés à la vapeur. Cette opération retire presque toute l’humidité demeurant dans la feuille. Une tonne d’eau est évaporée à la minute!
La température aux abords de la sécherie atteint en moyenne plus de 42 °C en plus du facteur humidex. Lors de canicules, la température grimpe dans des extrêmes insupportables. Autrefois, les ouvriers y travaillaient pendant des quarts de quelques minutes seulement, pour ne pas risquer de s’évanouir! En cas de déshydratation, on donne alors des capsules de sel aux employés pour leur éviter la déshydratation. Aujourd’hui, certaines usines offrent des boissons désaltérantes.
Cette partie de la machine dégage une telle chaleur que les ouvriers pouvaient y faire réchauffer leur lunch, des conserves de fèves au lard ou des œufs à la coque, par exemple. On raconte même que l’un d’eux y avait fait cuire une dinde entière!
En 1925, la production de papier de l’usine atteint 700 tonnes de papier par jour. Au milieu des années 1950, la vitesse de production des machines augmente et c’est maintenant 1000 tonnes de papier par jour. C’est l’âge d’or du papier à Trois-Rivières.